Au XVème siècle, vers 1442, un immense éboulement s'est produit dans la vallée de la Drôme, deux kilomètres en amont de Luc-en-Diois. Sans que l'on en connaisse exactement la cause, un gigantesque panneau de calcaire d’environ 5 hectares de surface sur une épaisseur de 20 mètres, s'est détaché du sommet du Pic de Luc et a glissé le long du flanc de la montagne. La cicatrice de cet éboulement est toujours bien visible aujourd'hui : un vaste plan incliné rocheux surmonté d'une barre calcaire verticale comme taillée au couteau.
C'est ce spectaculaire éboulis que l'on appelle le « Claps de Luc ». Dans le patois du Diois, le terme "clapas" désignait un amas de grosses pierres. L'accumulation chaotique de blocs rocheux de toutes tailles, suggère toute la violence de cette catastrophe naturelle. Cette effondrement coupa l'axe routier qui existait depuis l'époque romaine, entre la moyenne vallée du Rhône, Gap et l'Italie du Nord.
Un nouveau sentier, appelé « voie romaine », serpentant depuis l'entrée avale du site jusqu'au Saut de la Drôme, fut inauguré officiellement le 5 juin 1805 par le Préfet de la Drôme. Ce sentier remplaçait l'ancienne voie romaine qui contournait auparavant le Pic de Luc.
Lors de l'éboulement, vers le bas du versant, cette masse rocheuse d'un demi million de tonnes est venu heurter le Pigeonnier, une solide échine rocheuse qui partagea la coulée de roches en deux parties. Celles-ci obstruèrent alors le cours de la Drôme en deux endroits, créant deux lacs.
Le barrage amont, s'appuyant sur un deuxième éperon rocheux, fut le plus important. Il engendra ainsi un lac de plus de 5 km de long. Quant au barrage aval, il créa un petit lac, de seulement 300 m de long.
Le Petit Lac, comblé et cultivé, est aujourd'hui contourné par la route départementale qui traverse le site.
Le Grand Lac devint en 1561, la propriété des moines de la Chartreuse de Durbon (dans les Hautes-Alpes) qui en firent une réserve de poissons pour leur monastère.
Mais, petit à petit, le lac s'est comblé de dépôts de sédiments et de matière organique. C'est ce qui explique la forme parfaitement plate de cette vallée suspendue, surprenante dans ce paysage de montagne.
Par crainte de maléfices au niveau des rives marécageuses, et des problème d'insalubrité, il fut envisagé, dès 1753, d'assécher ce qu'il restait du lac. Mais des rivalités locales engendrèrent plusieurs procès et retardèrent les travaux. Et ce fut seulement après la Révolution, en 1804, que sera percée la roche du barrage, ce qui permit la vidange du lac et l'assèchement de celui-ci. Et c'est par ce tunnel creusé dans la roche que s'écoulent, aujourd'hui encore, les eaux de la Drôme.
De ce Grand Lac asséché, il reste aujourd'hui une vaste plaine agricole ainsi qu'un petit marais. Le marais des Bouligons, ultime témoin du Grand Lac né de l'éboulement du Claps, a été aménagé pour la visite, par le Conseil Départemental de la Drôme. Le marais des Bouligons recèle une grande richesse écologique du fait de la juxtaposition de versants secs et de zones humides. Le marais se visite à pied le long d'un sentier balisé et aménagé avec des caillebotis permettant de rester au sec tout en respectant les milieux fragiles de cette zone humide.